Comment aider votre enfant à gérer et exprimer ses émotions ?

Durant les premières années de sa vie, l'enfant se retrouve confronté à une palette d'émotions sans savoir à quoi elles correspondent, ni comment les apprivoiser. Découvrez comment accompagner le tout-petit dans la gestion de ses émotions grâce à des conseils simples et une sélection de livres.

Aider votre enfant à exprimer et gérer ses émotions

Le développement des émotions chez l'enfant

Comme l’adulte, l'enfant ressent toutes les émotions que l’on connaît : la joie, la peur, la colère ou encore la tristesse. Les émotions sont pour lui de véritables tempêtes car son cerveau n’est pas encore capable de les traiter, le tout petit est « dominé » par son cerveau émotionnel jusqu’à 5-7ans. Il est souvent submergé pas ses émotions, parfois contradictoires, qu’il ne sait pas encore réguler. Raison pour laquelle la manifestation de la colère comme de la joie peut sembler parfois totalement disproportionnée !

L’émotion ressentie provoque un mouvement interne qui le remue et qui s’exprime par le corps : un enfant qui a peur pourra ainsi se figer, pleurer ou attaquer comme un enfant surpris poussera un cri ou manifestera des pleurs inconsolables. Les comportements de l’enfant face à ses émotions ne sont pas prémédités ou intellectualisés. C’est l’expression spontanée de ce qui se passe à l’intérieur de lui, de ce qu’il ressent. Cette tension soudaine, qui peut parfois submerger votre enfant, peut aussi l’effrayer. Il doit acquérir la capacité à identifier ce qu’il se passe en lui-même pour pouvoir ensuite apprendre progressivement à maîtriser l’expression de cette émotion. C’est ce travail qu’un enfant de moins de trois ans (et même de moins de 5 ans) est amené à faire et qu’il ne peut faire sans un adulte bienveillant et empathique. 

Comment accompagner la gestion des émotions ?

Aussi, vous pouvez parfois vous sentir démunis face à l’expression de ces émotions dont nous ne saisissons pas toujours le sens, ou à ces comportements qui peuvent nous dérouter. Voici quelques pistes de réflexion…

Réconforter son enfant

C’est le premier acte à poser face à l’expression des émotions de votre enfant. Reconnaître et accepter l’authenticité de cette émotion permet à l’enfant de prendre confiance en lui. Face à un enfant qui pleure après avoir seulement frôlé la table, il peut être tentant de minimiser. Pourtant, même s’il n’a pas eu très mal, il a pu avoir peur, ou peut-être est-il en colère car il n’a pu atteindre l’endroit où il voulait aller. L’idée qui dit que reconnaître une émotion puisse aggraver ce sentiment n’est pas fondée. C’est justement, parce que l’enfant entendra des mots qui lui permettront de comprendre ce qu’il se passe en lui, qu’il se sentira compris, autorisé à s’exprimer et réconforté, qu’il pourra ainsi « résoudre » son émotion.

L’enfant a besoin tout d’abord de vous sentir attentif à lui, de sentir que vous considérez cette émotion. Puis, par les mots que vous allez poser sur ce que vous observez « Je vois que tu pleures, je pense que tu as eu peur », vous allez permettre à votre enfant d’acquérir la capacité d’identifier et de différencier ces mouvements internes que sont ses émotions.

L’expression d’une émotion libère la tension interne qui est apparue subitement. Cependant l’expression (les pleurs, les cris, l’agitation…) n’est pas l’émotion. Dire à un enfant de stopper ses pleurs ne lui permettra pas d’aller au bout de la résolution de son émotion.

Accompagner son enfant avec bienveillance

Les manifestations des émotions des enfants peuvent nous mettre en difficulté, en détresse, voire même en colère bien souvent quand nous sommes dépassés ou encore fatigués. Nous avons tendance à nous référer à nos compétences d’adulte et à attendre de l’enfant qu’il soit raisonnable comme nous. Mais avant 5-7ans, le cerveau de l’enfant n’en a pas encore la capacité. Effectivement pour être raisonnable, c’est-à-dire réguler notre comportement social, nous mettre à la place de l’autre, prendre en compte son point de vue ou encore remettre à plus tard, l’aire de la cognition du cerveau doit être suffisamment mature pour prendre le pas sur l’aire des émotions. Ce n’est que vers 5-7 ans, que le cerveau aura suffisamment maturé pour en être capable. Ce n’est pas une question de volonté mais bien de maturité du cerveau.

C’est la bienveillance et l’empathie de l’entourage de l’enfant qui vont aider son cerveau à maturer. Plus vous accueillerez les émotions de votre enfant, que vous les accompagnerez avec empathie, chaleur et écoute plus son cerveau va maturer. Vous pouvez bien sûr lui signifier que vous n’êtes pas d’accord avec la façon dont il les exprime (par exemple il vous tape, c’est interdit) mais que vous avez tout confiance en lui pour réussir à faire autrement, le mieux étant de l’aider à trouver d’autres moyens d’expressions, acceptables et utilisables sur le moment sans nécessiter d’aller chercher un objet par exemple (différer est trop difficile pour l’enfant).  

Laisser votre bébé aller au bout de l’expression de son émotion

En tant qu’adulte, nous avons tendance à vouloir stopper l’expression émotionnelle d’un tout petit : faire cesser la colère, distraire l’enfant, le faire sourire. C’est bien naturel car nous n’aimons pas voir les enfants bouleversés. Par contre, cela est bien souvent contre-productif. L’émotion est une charge, une tension dans le corps et notre corps a besoin d’être dans un état neutre sans tension pour fonctionner. Si nous coupons l’enfant dans son émotion, il ne peut décharger toute la tension de son corps. Le corps et l’esprit trouveront alors un autre moment, moyen/prétexte pour se décharger. Le risque est alors de passer la soirée par exemple à « éteindre » des colères, le plaisir des retrouvailles étant alors bien loin. Un bon outil est d’accompagner votre enfant tout au long de son émotion pour qu’il la traverse et décharge sa tension jusqu’au bout sans chercher à le distraire ou à faire cesser sa décharge.

Comment l’accompagner en tant que parents ?

·      En étant présent auprès de lui. Un enfant seul face à ses émotions va être en insécurité et des études montrent qu’il sécrète alors des hormones de stress qui ne sont pas favorables à son développement.

·      En sécurisant son espace : pour qu’il soit en sécurité physique bien sûr et pour que vous puissiez être serein sur ce point également.

·      Certains enfants aiment être en contact physique lors de ces moments et d’autres ne le supportent pas. Prenez le dans vos bras si c’est ce qu’il aime, asseyiez vous à côté de lui s’il ne supporte pas le contact.

·      Mettez des mots sur ce qu’il ressent ou ce que vous pensez qu’il ressent : « je vois que tu es en colère, tu as le droit, je suis là ».

·      Tant qu’il est en prise avec sa décharge physique inutile de chercher le dialogue ou de le convaincre. C’est votre présence physique, votre ouverture émotionnelle et votre attention qui vont l’apaiser.

·      Attendez en contenant psychiquement et/ou physiquement l’émotion.

·      Vous serez surpris lorsque toute la tension sera évacuée, votre enfant passera de lui-même à autre chose ou viendra vers vous pour se ressourcer au besoin. Il y aura beaucoup moins de répétitions de la décharge dans la journée ou la soirée.

Ces points sont également valables dans la rue, au supermarché, dans les réunions de famille etc… Le regard des autres est difficile mais rappelez vous que vous êtes celui ou celle qui connait le mieux votre enfant et que plus vous autorisez ses émotions, plus vous êtes solide et serein face à elles, plus vous développez son intelligence émotionnelle. Non un enfant ne fait pas de caprice avant 5/6 ans, non un enfant n’est pas colérique son cerveau n’a juste pas la capacité à la gérer. Si vous êtes inconfortable en public passez par le jeu et les actions de votre enfant pour désamorcer la situation : « c’est toi qui pousse le chariot » « vite vite il faut aller à la voiture, c’est toi qui va arriver en premier ? ». Ces stratégies vont désamorcer la « crise » mais comme évoqué précédemment il y a de forte chance pour qu’elle réapparaisse à un autre moment qui sera peut-être plus favorable pour vous si elle survient à la maison.

Voici un résumé les étapes de l’accompagnement des émotions :

·      Accueillir non-verbalement (par le corps, la présence, l’attention ; l’empathie)

·      Mettre des mots

·      Permettre à l’émotion d’aller jusqu’au bout 

·      Echanger après le retour au calme si votre enfant en est d’accord et qu’il est suffisamment grand (généralement vers 3 ans)

Être au clair avec vos émotions et les exprimer

On dit des enfants qu’ils sont des « éponges à émotion » et c’est vrai. Votre enfant sent quand vous êtes dans un état émotionnel particulier. Il ne sait pas encore faire la différence entre ses ressentis et les vôtres. Il est donc important quand vous êtes dans un état particulier de lui parler, avec des mots simples, qui correspondent à son âge. Par exemple : je suis triste mais ça n’a rien à voir avec toi.

Votre enfant apprend également beaucoup par mimétisme. Il observe et reproduit ce que font ses parents, il prend exemple sur vos stratégies émotionnelles. Un adulte est une personne capable de vivre avec ses émotions et de les exprimer d’une manière « socialement acceptable », respectueuse de l’autre et non une personne sans émotion. Accompagner votre l’enfant, c’est l’aider à apprendre à vivre avec ses émotions, à les exprimer et non à les inhiber ou à les exprimer impulsivement.

En résumé vous êtes un modèle pour votre enfant, si vous criez pour vous faire entendre quand il est en colère, il risque de continuer à crier à son tour. Au contraire si quand vous êtes en colère vous ne dites rien il apprendra qu’il vaut mieux ne pas s’exprimer en cas de désaccord.

Lire des livres avec votre enfant autour des émotions

C’est aussi par le biais de la lecture que vous pouvez aider votre enfant en tant que parents. En lisant une histoire, vous pouvez questionner votre enfant sur ce que le personnage ressent et sur ce qu’il ressent au moment de la lecture. 

Voici quelques livres pour vous aider à parler des émotions :

La couleur des émotions de Anna Llenas 

Grosse colère de Mireille d’Allancé

Au fil des émotions de Cristina Nunez Pereira

Quels sont les 3 moyens de maîtriser ses émotions ?

  • Partager avec votre enfant des jeux « à faire semblant », (jouer à la poupée, au garage, au docteur, se déguiser…) peut l’aider à l’expression de ses émotions. En rejouant des scènes inspirées des évènements de la vie courante, l’enfant peut exprimer son vécu émotionnel en toute sécurité, puisque hors du réel. Il peut aussi expérimenter des actions et des relations sans danger pour lui. L’attitude de l’adulte dans ces mises en scène est une attitude de jeu dans laquelle les personnages peuvent parler par exemple « bouhouhou tu me cries dessus, j’ai peur, je suis triste » sans être moralisatrice par exemple : ce n’est pas bien de crier sur les gens. Le jeu doit rester du jeu et donner du plaisir à l’un et l’autre. C’est l’occasion de montrer des stratégies ou de mettre des mots sur les émotions sans juger le comportement de l’enfant dans le jeu (si cela sort du jeu cela est différent ben sûr par exemple l’enfant crie ou tape l’adulte et non le personnage du jeu).
  • Aider son enfant à grandir dans ces acquisitions, c’est lui donner des bases solides pour sa vie, développer son empathie, son intelligence émotionnelle et sa confiance en lui. Cela va lui permettre de devenir capable d’identifier ses sentiments et ses émotions, de les prendre au sérieux, de les considérer comme des indices importants et d’en tenir compte pour faire ses choix de vie.
  • Offrez-lui régulièrement une soupape de sécurité, pour souffler, décompresser, se défouler, se détendre, s’amuser, se faire plaisir sans pression de l’heure (nous ne sommes jamais à 5 minutes près) ! Les temps libres pour «  ne rien faire », rêvasser, laisser son imaginaire galoper… sont également indispensables pour l’aider à réguler ses émotions !

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Écrit et publié par Cécile Glaude, Responsable Petite Enfance

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