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Le baby-blues, qu’est-ce que c’est ?

Erika Gerier
Par Erika Gerier - consultante petite enfance
Erika Gerier
couple avec bébé

Dans les jours suivants l’accouchement, certaines nouvelles mamans connaissent un tsunami d’émotions diverses : angoisse, crises de larmes, insomnies, irritabilité, mélancolie, tristesse… Étrange lorsque l’on s’imaginait vivre les plus beaux moments de sa vie après la naissance de son enfant ! C’est ce qu’on appelle le blues post-partum ou plus communément le baby blues. Cette période transitoire peut être très déstabilisante et peut créer un fort sentiment de solitude, d’incompréhension, voire de culpabilité. Pour autant, sachez qu’il peut toucher jusqu’à 80% des nouvelles mamans* : vous n’êtes donc pas un cas isolé !

Si cet épisode est généralement passager, il mérite toutefois votre attention et celle de votre entourage afin de que vous le traversiez le plus sereinement que possible.

D’où vient ce phénomène ? On vous dit tout sur le fameux baby-blues

Accueillir un enfant, quelle que soit sa place dans la fratrie est une expérience nouvelle. On peut aisément imaginer que les femmes puissent se sentir dépassées par ce changement de situation : faire le deuil de sa grossesse, douter de soi, craindre pour le bébé ou de ne pas arriver à en prendre soin, trouver un nouvel équilibre familial… À cela peut s’ajouter la fatigue post accouchement, ainsi que la charge émotionnelle et les séquelles physiques selon la façon dont ce dernier a été vécu.

Pour autant, ce ne sont pas les seules raisons. Le baby blues est également la résultante d’un chamboulement hormonal. La physiologie joue donc un rôle important dans l’apparition des différents symptômes liés au baby blues.

Cet épisode de déprime, qui survient en général 3 jours après l’accouchement, correspond à un « orage » hormonal, émotionnel et existentiel. La chute brutale du taux de progestatifs (hormones de la grossesse) qui survient après l’accouchement, en est la principale cause. À cela s’ajoute :

  • l’augmentation des taux d’ocytocine avec la montée de lait.
  • L’augmentation de la prolactine dans le sang.

L’ocytocine est l’hormone qui déclenche les contractions lors du travail, l’éjection du lait pour l’allaitement, mais qui est l’hormone liée au bien-être et à l’attachement

Cette hormone favorise la lactation.

Ces bouleversements hormonaux ont un véritable impact sur le moral de la nouvelle maman, en plus du bouleversement psychologique et de la fatigue. Autant de raisons qui ont de quoi déstabiliser et créer un sentiment de difficultés !

Bien que ce phénomène soit passager, il est important d’en parler et de ne pas y faire face toute seule.

Les bons réflexes à adopter : en amont de l’arrivée de votre enfant, se renseigner et anticiper, c’est la clé !

Pendant votre grossesse, vous pouvez d’ores et déjà solliciter votre sage-femme ou votre gynécologue pour échanger avec lui sur ce qu’est le baby blues et les moyens de le surmonter.

Le fait d’en parler en amont avec un.e professionnel.le qui vous connait vous aidera à dédramatiser la situation et à mieux y faire face si jamais vous étiez amenées à la traverser.

Vous pourrez ensuite parler de ce phénomène à votre entourage proche : ainsi, ils ne seront pas surpris si jamais vous deviez vivre un baby-blues et ils auront davantage la capacité de vous apporter le soutien dont vous aurez besoin pour traverser cette période déstabilisante. Vous pouvez, par exemple, dresser une liste des choses qui vous apportent du réconfort :

  • Un temps de qualité avec un.e ami.e
  • Manger un aliment ou un type de cuisine que vous appréciez
  • Une balade dans un parc
  • Etc.

Et pourquoi ne pas vous créer une boite de secours « anti-baby-blues » ? Vous pourrez la remplir de choses qui vous apporteront du positif : un livre, une tablette de chocolat, des mots d’encouragements de vos proches, ainsi de suite…préparez cette boite peut également vous sécuriser ! La savoir prête, à disposition, peut apaiser votre état émotionnel après votre accouchement.

Ce qui peut également se révéler utile, c’est le fait d’anticiper la charge mentale liée à l’arrivée d’un enfant : répondre aux besoins d’un nouveau-né tout en assurant la gestion des tâches du quotidien peut se révéler un véritable défi, à plus forte raison si ce n’est pas votre premier !

Pour pallier cela, n’hésitez pas à glisser dans votre liste de naissance des coupons que vos proches pourront récupérer afin de prendre le relai sur différents moments de votre post-partum. Voici quelques exemples de bon que vous pouvez créer :

  • « bon pour faire les machines à laver »,
  • « bon pour apporter deux repas complets »
  • « bon pour s’occuper de bébé pendant une heure pour que maman puisse dormir ou prendre une douche »
  • « bon pour accompagner maman en balade »
  • « bon pour venir prendre un café »

Ne craignez pas d’être créative et cela permettra à votre entourage de vous apporter ce dont vous avez réellement besoin en cette période délicate.

Enfin, si une sage-femme suit déjà votre grossesse, n’hésitez pas à lui indiquer peu avant la naissance, que vous comptez sur elle pour le suivi à domicile. Les visites à domicile peuvent avoir lieu jusqu’au 12e jour de votre enfant.

Les bons réflexes à adopter : quand le baby blues apparait, en parler et s’entourer c’est la clé !

Ça y est, votre enfant est né depuis quelques jours et vous ressentez les premières difficultés liées au baby blues. Il est important d’en parler et de ne pas y faire face seule.

Prévenez votre conjoint et/ou vos proches afin qu’ils prennent le relai sur les tâches quotidiennes. Si cela peut vous aider, vous pouvez également les solliciter pour qu’ils vous soutiennent dans les soins à apporter à voter bébé.

Si vous aviez programmé une visite à domicile avec votre sage-femme dans les douze jours suivants votre accouchement, n’hésitez pas à lui en parler lors de sa venue. Elle est habituée à accompagner les nouvelles mamans dans leur post-partum immédiat, elle aura à coup sûr les mots justes pour vous aider à traverser cette période et saura vous transmettre des astuces pour traverser cette période.

Autant que possible, essayez de prendre soin de vous et de vous reposer : plus facile à dire qu’à faire avec un nourrisson ! Cependant, cela peut passer par des actions très simples : vous faire cuisiner/livrer un plat que vous adorez, solliciter du relai pour prendre longue douche ou pour faire une sieste…l’idée est de jalonner vos journées avec des choses qui vous apportent du bien-être.

Enfin, n’hésitez pas à faire des activités avec votre bébé et à passer des moments avec lui : aller vous balader dans votre quartier, prenez le temps de lui faire des câlins…

Et surtout, essayez de ne culpabilisez pas ! Ce que vous ressentez est légitime et ne dit rien de l’amour que vous portez à votre enfant.

Le baby-blues, un phénomène passager

Si ce passage est désagréable et déstabilisant, la bonne nouvelle est qu’il ne dure, en moyenne, que de quelques heures à une quinzaine de jours.

Si cependant la situation persiste, il ne s’agit peut-être plus du baby-blues. Peut-être y a-t-il d’autres raisons de se sentir triste ? D’autres facteurs rentrent-ils en jeu ? Dans ce cas, n’hésitez pas à en parler à votre médecin. Car si les troubles sont plus accentués ou durent dans le temps, la consultation devient nécessaire afin de dépister au plus tôt une éventuelle dépression postnatale.

Étrange, mais le co-parent aussi !

Saviez-vous que le conjoint peut également être touché ? 4%* des hommes subissent un babyblues à l’arrivée de leur bébé. Un phénomène qui est encore très méconnu et dont on parle très peu. Les symptômes sont les mêmes que chez la nouvelle maman : perte d’appétit, stress, insomnies, énervement, … Si on ne peut pas parler de bouleversement hormonal chez le père, le bouleversement psychologique et l’angoisse de ne pas être à la hauteur sont similaires. Alors que la maman vit la grossesse pendant 9 mois, que son corps se transforme, il n’en est pas de même chez le père, pour qui l’arrivée du bébé peut être un véritable choc émotionnel. La peur face à ses nouvelles responsabilités, l’angoisse de ne pas réussir à jongler entre le travail et la vie de famille, la crainte de ne pas être à la hauteur, sont de véritables facteurs de stress. Tout comme la jeune maman, il est important pour le papa de communiquer et de parler de ses ressentis à son entourage. Aussi, il être attentif à ce que le père crée du lien et passe du temps avec son enfant peut également influencer positivement son baby-blues. Des petites choses comme faire du peau à peau juste après une tétée, préparer et faire chauffer le biberon, donner le bain, chanter des chansons, bercer bébé pour qu’il s’endorme, préparer les vêtements… peuvent permettre au jeune père de reprendre confiance en lui petit à petit et de prendre pleinement sa place de co-parent auprès de son enfant.

Il est à noter qu’à ce jour, il y a peu d’informations concernant les conjointes des mères ayant accouchées car le baby blues n’est étudié que depuis peu, il faudra donc un certain temps avant que toutes les configurations familiales fassent l’objet d’études donnant des résultats significatifs. *

La dépression post-partum : une maladie à ne pas ignorer

Contrairement au baby-blues, la dépression post-partum peut durer dans le temps et nécessite une prise en charge médicale.

Selon le site « naitre et grandir » la dépression post-partum touche de 15 à 20 % des nouvelles mères et survient dans la première année de vie de l’enfant.

Selon ce même site, les symptômes les plus fréquents de la dépression post-partum seraient les suivants :

  • « profonde tristesse sans raison apparente ;
  • pleurs fréquents inexpliqués ;
  • épuisement permanent ou problèmes de sommeil (dormir trop ou pas assez) ;
  • sentiment de dévalorisation ou culpabilité excessive (impression d’être un mauvais parent, difficulté à établir un lien avec son bébé) ;
  • irritabilité ;
  • anxiété extrême (surtout en ce qui a trait au bien-être de son enfant) ;
  • incapacité à s’occuper correctement de son enfant ou refus de passer du temps avec lui ;
  • si le parent est capable de s’occuper de son enfant, absence de plaisir lorsqu’il le fait ;
  • désintérêt pour les activités aimées auparavant ou manque de plaisir durant celles-ci ;
  • changement d’appétit ;
  • sentiment que les choses ne s’amélioreront jamais ;
  • tendance à s’isoler ;
  • idées suicidaires. »

Si vous ressentez l’un ou plusieurs de ces symptômes, ne tardez pas à en parler à votre médecin ou à un psychologue afin de bénéficier d’une prise en charge adaptée qui vous permettra progressivement de retrouver votre bien-être physique et psychique. Cela aura également un impact sur la construction d’un lien de qualité avec votre enfant : vous reprendrez confiance en vos compétences parentales et pourrez prendre soin de lui sereinement.

Vous n’êtes pas seule à traverser cette période tumultueuse !

Vivre un baby-blues ne fait pas de vous un cas isolé ou un mauvais parent. S’il ne doit pas être pris à la légère, il est important retenir que ce phénomène est passager, il ne dure que quelques jours et que de bons réflexes peuvent permettre de vivre sereinement.

En conclusion, voici 5 conseils à retenir pour votre nouvelle vie de maman, vivre un post-partum le plus serein que possible et dépasser le baby-blues :

  1. Parlez-en autour de vous vos proches et les professionnels de santé qui vous entourent sauront vous rassurer !
  2. Ne craignez pas de solliciter leur aide et leur écoute, cela vous aidera à évacuer votre trop plein d’émotions, vos doutes mais aussi à surmonter le chamboulement que vous vivez
  3. Laissez-vous tenter par des sorties avec un.e proche, même s’il s’agit d’une balade de quelques minutes
  4. Profitez des longues plages de sommeil de votre tout-petit pour dormir ou vous relaxer avec un bon bain chaud ! Cela vous permettra de recharger vos batteries et ainsi avoir suffisamment d’énergie pour traverser votre baby blues.
  5. Et dans toute cette période de chamboulement, soyez indulgente, douce et compréhensive avec vous-même !

*Sources : www.naitreetgrandir.com & www.marieclaire.fr

Mis à jour le 22 mai 2025