Pourquoi tant de « pourquoi » ? Comment répondre ?

Les questions des enfants, qu’elles soient terre à terre, imprévisibles, existentielles, déstabilisantes, ou très drôles, font partie intégrante de leur développement, bien qu’elles puissent parfois mettre à mal les adultes.
Ces questions reflètent l’évolution de la structuration de la pensée de l’enfant, de sa naissance et durant ses premières années de vie. Elles viennent illustrer le besoin de l’enfant de comprendre le monde qui l’entoure et sont le fruit de l’exploration de son environnement.
Mais comment se construisent les interrogations des enfants au fil du temps ? Qu’est-ce qui les influencent ?
Les questions font parties du développement de l’enfant
Quelques étapes clés :
Dès ses premiers mois, l’enfant explore le monde principalement par ses sens. Il découvre les objets et les personnes en les touchant, en les observant, en les goutant, en les écoutant. Ses questionnements vont s’exprimer de manière non verbale, par ses regards et par ses gestes : L’enfant va par exemple pointer du doigt.
Vers 18 mois, on observe une explosion du langage l’enfant commence à parler et les questions apparaissent souvent sous forme de mots simples ou de phrases courtes : « Chaud ? »
À partir de 2 ans et demi, l’enfant commence à poser ses premières questions qui sont souvent liées à son environnement immédiat et à ses expériences quotidiennes. Son univers tourne autour de la découverte du monde qui l’entoure et sa maîtrise du langage lui permet de creuser davantage sa curiosité : « C’est quoi ça ? »
Dès l’âge de 3 ans, l’enfant ne cesse d’explorer son environnement, sollicitant ses parents avec mille et une questions souvent déconcertantes. Les explications des adultes lui sont essentielles car elles lui permettent à l’enfant d’acquérir de nouvelles connaissances mais aussi d’enrichir sa réflexion et son esprit critique : « Pourquoi le monsieur n’a pas de cheveux ? »
Entre 4 et 5 ans, l’enfant veut tout savoir et tout comprendre. Les « pourquoi » sont omniprésents, mais s’ajoutent également les « comment » et les « quand ». Cette période est marquée par une soif de connaissances et une volonté de comprendre les relations de cause à effet : « Pourquoi le ciel est bleu ? »
Après 5 ans, les questions spontanées laissent place à des interrogations moins nombreuses mais plus intégrées dans le fil des conversations. L’enfant apprend à chercher par lui-même et à vérifier ses souvenirs. Les questions deviennent moins nombreuses mais plus profondes, reflétant une compréhension plus mature du monde : « Et toi, tu as fait quoi aujourd’hui ? »
Répondre aux questions des enfants est donc absolument essentiel.
« Tous ces « pourquoi » permettent à l’enfant d’acquérir de nouvelles connaissances, de développer son raisonnement et son esprit critique et de constater les dangers dans son environnement. »
Pourquoi, des pourquoi ?
Les questions marquent ainsi le début de la vie sociale de l’enfant. Votre enfant interagit avec son environnement, ce qui est très positif. Sorti de son cocon familial, il découvre que le monde est vaste, tout le fascine. Aussi, il intellectualise le concept de lien de cause à effet. Plus jeune, il a réalisé qu’en secouant un hochet il obtenait un son. Mais vers 3 ans, il commence à comprendre réellement qu’absolument tout effet est le produit d’une cause. Et il va vouloir expérimenter cette théorie. Mais peu à peu, « la machine à pourquoi » peut s’emballer. Au départ, l’enfant est sincère dans son besoin de curiosité. Mais l’enfant peut finir par ne plus écouter la réponse et enchaîne sur de nouveaux pourquoi. L’enfant peut aussi chercher à attirer l’attention des adultes qui s’occupent de lui.
Apporter des explications aux questionnements des enfants présente de nombreux bénéfices pour leur développement
En répondant aux questions de votre enfant, vous lui montrez qu’il est pris au sérieux et respecté : il se sentira alors valorisé et cela renforcera son estime de soi et sa confiance en ses capacités à interagir avec autrui, à exprimer ses pensées. Vous lui assurez également qu’il bénéficie de votre attention, ce qui renforce le lien de confiance et de sécurité qu’il éprouve auprès de vous. Cela encourage sa curiosité naturelle et lui donne le droit de continuer à chercher, découvrir et comprendre.
Par ailleurs, ses questions sont un moyen pour lui d’acquérir de nouvelles connaissances. Chaque réponse enrichit son vocabulaire, sa compréhension du monde et ses compétences intellectuelles. Il peut ainsi perfectionner ses compétences de communication, apprendre à formuler ses pensées, à poser des questions et à écouter les réponses.
Cela influence donc positivement son développement affectif, cognitif et social.
Voyons donc comment répondre au mieux aux interrogations des enfants.
En pratique
Privilégiez des explications courtes et en adéquation avec l’âge de votre enfant.
Si vous n’avez pas la réponse à une de ses questions ou si vous avez besoin de temps pour trouver une réponse adaptée, n’hésitez pas à le dire à votre enfant. L’important est qu’il ressente que sa demande a été prise en compte de manière sérieuse. Dans le cas où c’est la connaissance de la réponse qui vous fait défaut, vous pouvez la chercher avec votre enfant à travers un livre ou en observant avec lui.
Parfois, il peut arriver que l’enfant pose des questions dont il connaît déjà la réponse pour vérifier ses souvenirs ou s’assurer que la réponse est toujours la même : dans ce cas, vous pouvez l’encouragez à se remémorer la réponse et complétez si nécessaire.
Pour enrichir l’échange, vous pouvez également retourner la question à votre enfant : « et toi, qu’en penses-tu ? »
Au-delà de stimuler sa créativité et son raisonnement, cela enrichira votre discussion et donnera à votre enfant un sentiment d’importance et de considération. D’ailleurs, vous pourriez être surpris par la réponse de votre enfant : les petits peuvent parfois faire preuve d’une créativité et d’une imagination débordante pour trouver des explications aux sujets qui les préoccupent.
Cependant, les questions des enfants peuvent parfois nous mettre mal à l’aise. Il est important d’en avoir conscience et ainsi éviter quelques erreurs.
La première d’entre elles serait de tenter de faire comme si l’on n’avait pas entendu la question. Pêle-mêle, en voici d’autres :
- Répondre avec agressivité : les questions des enfants n’ont pas pour but de nous contrarier
- Dire que sa question est stupide : votre enfant essaie de comprendre le monde qui l’entoure
- Mentir : c’est la justesse de nos réponses qui vont aider l’enfant à grandir
- Répondre « Parce que c’est comme ça » : nos explications sont fondamentales pour que l’enfant continue d’élaborer sa pensée et enrichissent son vocabulaire.
« Évitez toutefois les explications très élaborées, qui peuvent être difficiles à comprendre pour lui. Privilégiez plutôt les réponses courtes et adaptées à son âge. »
Des ressources
La littérature enfantine regorge d’ouvrages permet d’aborder les petites et les grandes questions des enfants de manière adaptée avec les mots justes. Ainsi, vous pourrez répondre aux questionnements de votre enfant au travers d’un support qui vous aidera à lui apporter des explications le plus sereinement que possible.
Vous pouvez également réorienter votre enfant vers une personne qui sera plus à même que vous à lui apporter les explications dont il a besoin.
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En conclusion répondre aux questions des enfants est une démarche essentielle qui contribue à leur développement global, à leur bien-être émotionnel et à leur préparation à leur vie d’adulte !
Pour aller plus loin
« Comment te dire ? Savoir parler aux tout-petits » – Marie-Noëlle CLEMENT
Mis à jour le 17 avril 2025