Tout petit, et avant même de savoir parler, le jeune enfant s’exprime : avec des sourires, des gestes, des expressions sur son visage, des babillages, des pleurs, des cris… En crèche, les professionnels petite enfance sont attentifs à ces signes pour détecter et répondre, tout au long de la journée, à leurs besoins.
La communication gestuelle associée à la parole (parfois appelée « langue des signes bébés ») est un outil qui peut permettre à l’enfant de s’exprimer et à l’adulte d’être certain d’avoir bien interprété ce qu’indique le tout petit. C’est également une pratique qui permet à chacun de se faire comprendre : notamment dans le cas de handicaps (enfants ou adultes).
Parler avec les mains : n’est-ce pas déjà ce que nous encourageons dès la petite enfance ? Dire « au revoir » d’un mouvement de main, dire bravo avec un applaudissement… Ces signes que les enfants reproduisent par mimétisme sont reconnus par n’importe quel adulte en un coup d’œil !
L’enfant, avant de savoir s’exprimer par les mots, peut s’exprimer avec les gestes. Tout petit, il comprend la signification de ces gestes, grâce à la verbalisation de l’adulte, qui en tapant lui-même dans ses mains dira « bravo ! » par exemple. A l’image de cet exemple, la communication gestuelle est dite « associée à la parole » car prononcer le mot en même temps que le signe est bien indispensable.
Cette pratique reprend des signes de la langue des signes française. Associer des signes à la parole tout au long de la petite enfance pourra permettre à l’enfant d’exprimer un besoin essentiel ou une émotion : boire, manger, dormir, avoir mal, changer la couche…
La communication gestuelle permet au bébé de se « faire entendre » sans devoir nécessairement montrer de la voix, et offre à l’enfant la possibilité d’être compris par l’adulte qui prend soin de lui.
Cette pratique d’éducation bienveillante présente bien des avantages pour l’enfant :
Et pour l’adulte :
Dans les crèches, les pratiques mises en place répondent à la fois aux besoins des enfants accueillis et aux demandes des professionnel(le)s qui les accompagnent. Permettre à l’enfant de s’exprimer, d’échanger et d’être entendu : c’est l’une des premières préoccupations de nos professionnels petite enfance ! Les signes associés à la parole permettent à l’enfant, dès son plus jeune âge, d’être compris dans ses émotions, ses envies et les besoins qu’il manifeste.
En ateliers, en comptines, au quotidien…. Les équipes en crèche développent le projet sous différentes formes.
A l’image de nombreux projets pédagogiques chez Les Petits Chaperons Rouges, les équipes ont le libre arbitre de s’inscrire ou non dans cette démarche de communication gestuelle : et 60 % ont choisi de le mettre en place au quotidien.
Il s’agit d’une démarche de communication bienveillante : elle permet à l’enfant de prendre confiance en lui, de diminuer les frustrations et conflits car il est enfin compris. Pour les adultes et les enfants le plaisir de communiquer est alors entier.
Lors du « premier organisateur » décrit par Spitz, l’enfant reconnaissant les signes du visage qui sourit cherche à imiter, et développe sa première compétence sociale : le sourire social en réponse au visage qui lui sourit.
Le développement du langage est une compétence psychosociale. Elle se fait progressivement, chez le jeune enfant, selon des phases de progressions, de plateaux-paliers et de régressions, tout à fait normales. Le versant expressif du langage se développe sous deux axes :
L’information et la réelle connaissance des apports d’un projet comme celui-ci sont des facteurs déterminants dans la motivation des équipes à le mettre en place sur leur structure. Des réunions d’informations sur tous les secteurs de micro-réseau constituent la première étape. A la suite de ces temps d’échanges, qui permettent à chacun de se positionner, de faire part de ses inquiétudes, des formations initiales de deux jours, animées par un organisme extérieur spécialisé, sont proposées aux professionnelles.
Le projet en lui-même est propre à chaque structure quant à sa mise en place, et organisation : réunions d’information avec les parents, affichages des signes introduits auprès des enfants afin que les parents puissent accompagner ce projet et en voir les bénéfices à la maison, ateliers parents-enfants d’apprentissages de comptines, soirée jeux de loto reconnaissance des signes avec les parents. Les idées sont nombreuses et créatives.
Il est essentiel que les parents comprennent l’apport de cette approche, car ce projet génère parfois des inquiétudes chez ces derniers, qui imaginent souvent à tort que l’utilisation des signes gestuels pourrait retarder l’acquisition du langage oral. Ainsi, l’association signe/parole est toujours de mise, et loin de freiner l’acquisition du langage oral, la communication gestuelle permet de prendre conscience que dès l’âge de 10 mois, le bébé nous parle.
La communication signée peut-être mise en place dès la naissance : c’est la répétition de l’adulte et la constante verbalisation en produisant le signe, qui permettra ensuite à l’enfant de se l’approprier. Petit à petit, lorsqu’il sera en capacité de prononcer les mots, il cessera de lui-même d’y associer un signe.
Pour apprendre les signes, les familles peuvent compter sur les équipes en crèche qui produisent bien souvent des supports permettant aux famille de le mettre en place à la maison : livrets de signes, ateliers parents, vidéos…. Si ce n’est pas votre cas, sachez qu’il existe de nombreuses vidéos sur internet ou encore des livres qui vous guideront dans cette pratique.
Le but de cette pratique n’est pas de faire une phrase entière en langue des signes, mais bien de signer quelques mots du quotidien.