Pourquoi l'enfant mord-il ? Comment dois-je réagir et comment interpréter son attitude ? Nous répondons à toutes vos questions !
Le tout petit déjà « mord » le sein de sa mère. Il mord tout ce qu’il aime ou qu’il découvre, c’est pourquoi la morsure est parfois assimilée à un « acte d’amour » ! La bouche est le premier moyen d’exploration, l’enfant met à la bouche, goûte, mange, …et mord ! Il appréhende les aliments, les objets, le monde par la bouche.
Dans le cas des enfants de moins de 1 an, les adultes ne considèrent généralement pas les morsures comme un acte « agressif ».
Pourtant, il n’y a pas de différence fondamentale avec les enfants de moins de 3 ans. Ils ne font pas mal à l’autre de manière intentionnelle. Si la morsure est vécue comme agressive, c’est surtout parce qu’elle est douloureuse pour celui qui la reçoit et qu’elle nous renvoi à des images violentes et inconscientes nous renvoyant à nos peurs et fantasmes.
Le début des morsures de « relation » débute généralement au moment du 4 pattes maitrisé ou de la marche.
Le développement des capacités motrices, pousse l’enfant aux découvertes et à l’exploration du monde qui l’entoure. L’enfant fait l’apprentissage de la relation à l’autre avec qui il rentre de plus en plus souvent en relation, tout en découvrant l’effet de ses actes. Être en relation avec un autre enfant n’est pas si facile pour un tout-petit : plaisir de rencontrer, frustration que l’autre ne fasse pas ce que l’on veut, envie d’avoir un jouet, besoin de se « défendre » sont autant de raison qui peuvent amener un enfant à avoir des gestes impulsifs. La morsure est un acte impulsif que le jeune enfant ne sait pas et ne peut pas contrôler. En effet, son cerveau n’est pas encore capable de réguler les impulsions, ni les émotions et ce sont celles-ci qui guident l’enfant jusqu’à l’âge de 5-7ans. A l’âge que l’on appelle traditionnellement l’âge de raison, le cerveau est alors suffisamment mature pour que l’aire de la cognition puisse prendre le pas sur l’aire des émotions. Avant 5-6 ans, l’immaturité du cerveau rend cela impossible : l’enfant ne le fait pas exprès, il ne veut pas faire mal, il est dominé par ses émotions qui génèrent des manifestations corporelles pour s’extérioriser et la morsure est l’un de ses comportements.
Nous pouvons aussi noter que, la morsure mais aussi le fait de pincer ou de tirer les cheveux sont pour les enfants des découvertes sources d’intérêt qui peuvent ou non être associées à la recherche de contacts. Tirer les cheveux, mordre, pincer peuvent être des expériences que fait l’enfant pour comprendre la réaction que son geste provoque chez l’autre enfant ou l’adulte. En vrai scientifique il va reproduire son geste pour vérifier si les réactions sont toujours les mêmes. Le principe d’action/réaction l’intéresse beaucoup et comme il le ferait avec un interrupteur il va déclencher et redéclencher une réaction par son geste, sans envie de faire mal mais par intérêt scientifique.
Le plus souvent l’enfant qui a mordu a été envahi par une décharge brutale de tension qui l’a surpris et peut l’inquiéter tout autant que la réaction de l’enfant qui a été mordu. Il est à noter que c’est l’attitude de l’adulte, sa bienveillance qui va aider progressivement le cerveau de l’enfant à maturer et donc à pouvoir contrôler l’expression de ses émotions. Il sera donc important de s’adresser à l’enfant :
· Avec bienveillance, douceur : sur un ton calme, apaisant.
· Reconnaitre son émotion est important : tu as le droit d’être en colère, je comprends mais…
· Il est important de lui signifier l’interdit : Tu n’as pas le droit de le dire en mordant ou tu n’as pas le droit de mordre.
· Donner également des solutions à l’enfant : son corps a besoin de décharger l’émotion qui est avant tout corporelle et son cerveau n’est pas capable de réguler cette expression pulsionnelle. Il faut donc lui proposer des solutions « socialement acceptables » pour décharger sa tension sans faire de mal à l’autre ou à soi. Par exemple : taper des pieds, crier, courir, pour les plus grands vous pouvez leur conseiller de dire non quand ils ne sont pas d’accord ou stop.
L’enfant a besoin de trouver réconfort et compréhension auprès de l’adulte. C’est l’acte de mordre qui est interdit, ce n’est pas l’enfant qui est jugé mauvais, ou exclu.
Remordre un enfant qui vient de mordre n’est jamais une solution. Mordre est interdit, c’est donc interdit pour tout le monde. L’adulte se doit d’être clair, cohérent et être modèle. Si l’adulte mord c’est que c’est possible, c’est donc un message paradoxal pour l’enfant qui ne pourra alors intégrer cet interdit.
Les enfants entre 2 et 3 ans n’ont pas encore la capacité à rediscuter très à distance d’un évènement qui s’est produit. Il n’est donc pas nécessaire de chercher à rediscuter d’une morsure avec votre enfant. Il est cependant possible que lui vous en parle (parfois des semaines après !). S’il est à l’initiative, posez-lui des questions pour mieux le comprendre et l’encourager à s’exprimer.
La gestion des morsures en crèches est un défi courant, étant donné que les jeunes enfants peuvent parfois mordre par frustration, par manque de communication verbale ou pour diverses autres raisons. Voici quelques conseils pour gérer les morsures en crèches :
Supervision adéquate : Assurez-vous qu'il y a suffisamment de personnel pour surveiller les enfants et prévenir les situations potentiellement agressives. Une surveillance active peut permettre d'anticiper et d'intervenir rapidement en cas de morsure.
Intervenez rapidement : Dès que vous observez une situation de morsure imminente, intervenez immédiatement pour séparer les enfants et prévenir la morsure. Utilisez des techniques de distraction ou de redirection pour détourner l'attention de l'enfant qui mord.
Calmez les enfants : Une fois les enfants séparés, apaisez-les et aidez-les à se calmer. Utilisez des mots rassurants et encouragez des comportements positifs et pacifiques.
Évaluez la situation : Identifiez les causes sous-jacentes de la morsure. Est-ce lié à un conflit, à un partage de jouets, à un besoin d'attention ou à d'autres facteurs ? Comprendre les déclencheurs peut aider à prévenir les morsures à l'avenir.
Communication avec les parents : Informez les parents du bébé mordu dès que possible. Fournissez-leur des informations précises sur l'incident, y compris l'identité de l'enfant qui a mordu, les circonstances entourant la morsure et les mesures prises pour gérer la situation.
Documentation et suivi : Assurez-vous de documenter chaque incident de morsure de manière détaillée dans les registres de la crèche. Cela peut inclure les détails de l'incident, les personnes impliquées, les blessures constatées, les mesures prises et tout suivi effectué avec les parents ou les professionnels de santé.
Éducation et prévention : Sensibilisez le personnel de la crèche et les parents sur les comportements des enfants, les étapes de développement et les stratégies de prévention des morsures. Organisez des séances d'information pour partager des conseils et des techniques pour gérer les conflits de manière positive.
Interventions individuelles : Pour les enfants qui ont tendance à mordre fréquemment, travaillez avec les parents et les professionnels de santé pour comprendre les raisons sous-jacentes et élaborer des stratégies d'intervention spécifiques. Cela peut inclure des techniques de communication alternatives, des activités de gestion de la colère ou des ajustements environnementaux pour répondre aux besoins de l'enfant.
Modèle de comportement approprié : En tant qu'adultes, il est important de montrer l'exemple en utilisant des méthodes de résolution de conflits non violentes et en encourageant le respect mutuel dans le groupe.
Récompenses positives : Mettez en place un système de récompenses ou de reconnaissance pour les enfants qui adoptent des comportements positifs et qui résolvent les conflits de manière appropriée. Cela peut encourager les enfants à développer des compétences sociales.
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